Le contexte mondial actuel est en constante évolution. Que l’on parle des changements climatiques, d’inégalité sociale ou d’économie mondiale, la tendance n’est pas en s’améliorant. En effet, si nous continuons nos activités humaines à ce rythme sans se préoccuper des conséquences, il risque fort bien qu’on atteigne un point non-retour. Étant fille d’agriculteur cet enjeu me tient particulièrement à coeur, car Tournevent s’investit en développement durable et je crois que cette démarche, à petite comme à grande échelle, pourra renverser la donne; laissez-moi vous présenter comment.

Premièrement qu’est-ce que le développement durable? Selon le rapport Brundtland¹, le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Plus particulièrement, il a pour objectifs de repenser les rapports qu’entretiennent les êtres humains entre eux et avec la nature, c’est une aspiration que partage un nombre grandissant de femmes et d’hommes. Ils posent un regard critique sur un mode de développement qui, trop souvent, porte atteinte à l’environnement et relègue la majorité de l’humanité dans la pauvreté.² Il est basé sur le principe de pérennité, c’est-à-dire que l’on ne peut plus continuer comment avant, il faut donc remédier aux insuffisances du modèle de développement actuel. Son concept s’appuie sur quatre piliers essentiels : Social, Économique, Environnemental et Culturel.

Le Pilier SOCIAL

Le pilier social ou encore le pilier humain du développement durable fait référence aux notions d’équité et de respect des droits individuels. Il prend en compte la lutte contre l’exclusion et la discrimination, par exemple l’égalité homme-femme, l’équité des salaires, le soutien de la réinsertion, etc. La réalité actuelle est que l’écart entre les niveaux de vie des plus riches et des plus pauvres ne cesse de se creuser depuis plusieurs décennies. D’après l’historien Walter Scheidel, « l’inégalité est inscrite dans l’ADN de la civilisation depuis que l’homme s’est installé pour cultiver la terre. » Par le développement durable, on appelle à une répartition plus équitable des richesses ainsi qu’à un accès aux besoins essentiels: alimentation, santé, éducation, droits de l’homme, sécurité ou encore travail. Bref, il a pour objectif d’assurer l’équité sociale pour permettre le plein épanouissement de toutes les femmes et de tous les hommes, l’essor des communautés et le respect de la diversité. Par exemple, au niveau de l’agriculture, le pilier social peut se traduire tout simplement en action conciliation travail-famille.

Le Pilier Environnemental

Le pilier environnemental fait référence aux notions de responsabilité et de conservation. Il repose en grande partie sur la volonté de préserver notre environnement et notre planète des dégâts causés par la pollution, la surconsommation et l’épuisement des ressources. Une des premières actions que la plupart de nous pouvons poser dès maintenant est de réduire notre consommation globale. Ce geste touche aussi le gaspillage alimentaire qui est un sujet très peu abordé dans les médias mais d’actualité. Si l’on revient aux bases, il est souvent facile de consommer seulement ce dont on a besoin. Nous ressentons tous les effets des changements climatiques, il faut maintenant prendre conscience que nous sommes les seuls responsables si l’on veut espérer changer ce qui est déjà commencé. Le pilier environnemental passerait par l’adoption de mesure comme une réduction urgente des émissions de CO2, un changement du modèle agricole plus que nécessaire et la production d’énergie renouvelable à 100%. En attendant, la dévastation de la planète se poursuit et accélère de façon exponentielle. Chez Tournevent, nous travaillons à diminuer nos émissions en GES (Gas à Effet de Serre), par une diminution du travail du sol et en faisant des engrais verts pour ne pas laisser le sol à nu ce qui préserve la biodiversité par exemple.

Le Pilier Économique

Le pilier économique du développement durable fait référence aux notions d’efficacité et de prospérité. Il s’agit de parvenir à assurer la production nécessaire aux besoins existants tout en limitant les risques que cette production, pour la planète, mais aussi pour l’ensemble de la société. Pour parvenir à ce genre de mode de vie l’économie circulaire, principe selon lequel les déchets sont valorisés et vendu à un juste prix contribue efficacement à ce système. Par exemple, l’économie circulaire est au coeur des actions de notre entreprise familiale. En effet, nous réutilisons le tourteau, coproduit de la production d’huile en engrais, en alimentation animale ou en farine humaine. Ainsi, le tourteau n’est plus un déchet mais une matière première pour d’autres produits : principe de base de l’économie circulaire. L’économie local est également au coeur des activité de la Ferme car tel est sa mission : Produire et transformer de façon durable des cultures biologiques de notre régions nordique en primant des pratiques d’économie circulaire. Enfin, on peut également lire que ce pilier du développement durable préconise également le retour à une économie locale plutôt qu’à une économie mondialisée telle est la vision de Ferme Tournevent : participer à la santé collective de notre société en offrants au Québécois des aliments biologiques et nutritifs issus de leur terroir. Comme son nom l’indique, rien n’est gaspillé car il s’agit d’une boucle comme présenter sur l’image si dessous.

Le Pilier Culturel

L’existence du 4ème pilier n’est pas toujours mentionnée, mais ce n’est pas pour autant qu’il a moins d’importance que les autres. En réalité, la culture se trouve à la croisée des trois dimensions du développement durable que je viens d’évoquer. Or, aux yeux de certains, ces dimensions ne peuvent se rendre compte de la complexité des sociétés humaines actuelles, ainsi que de l’ensemble des enjeux liés au développement durable. Ce 4ème pilier est donc susceptible de créer des liens solides avec les trois autres dimensions du développement durable.
Le développement du secteur culturel en lui-même et de sa dimension économique (héritage culturel, industries de la culture, artisanat, tourisme culturel, etc.) ;
la place occupée par la culture au sein des politiques publiques (notamment les politiques liées à l’éducation, l’économie, la science, la communication, l’environnement, la cohésion sociale et la coopération internationale). À la Ferme Tournevent, ce volet nous tient particulièrement à coeur, nous avons un budget chaque année allouée pour des dons et commandites. Nous nous associons à des causes qui font du sens pour nous et qui sont alignés avec nos valeurs. Récemment la Ferme a fait don de produits pour le projet de la coopérative BIZZ pour lutter contre l’insécurité alimentaire chez les jeunes. Un Économusée verra également le jour été 2023 qui permettra d’accomplir ce volet stratégique du développement durable de l’entreprise. Bref, le pilier culturel est essentiel; il est porteur de valeurs sociales (cohésion, solidarité, liberté fondamentale, etc.), contribuant ainsi à l’élaboration d’un modèle de société synonyme d’équité et de prospérité.

L’Humain : un mode de vie à repenser

Avez-vous déjà entendu parler de l’empreinte écologique d’un pays par habitant? Cet indicateur mesure la pression que chaque personne, groupe ou activité humaine exerce sur les ressources de la planète. Elle relève la quantité d’espace de terres biologiquement productive (forêts, terres agricoles, zones de pêches, etc…) donc les ressources que ceux-ci peuvent produire pour une population en plus de la capacitée à absorber les déchets qu’elle engendre.

Se relever est appelé biocapacité. Pour mesurer les informations retenues, il est reconnu qu’une unité d’espace de terre productive équivaut à un hectare global. En 2014, l’indice d’empreinte écologique du Canada était de 7.75gha par personne. Autrement dit, les Canadiens ont besoins de 7.75gha par personne pour répondre à leur demande en ressources, ainsi qu’absorber leurs déchets environnementaux.

L’indice du Canada en 2018, la donnée la plus récente, est de 8.07gha par personne. En comparaison, celle des États-Unis, la même année est de 8.12gha par personne. La Canada n’est donc pas le pire pays en matière de pollution par habitants, mais ce n’est pas quelque chose de réjouissant. Dans le classement des pays les plus polluant selon l’empreinte écologique par personne, le Canada se retrouve au septième rang, juste après les Émirats arabes unis. Pour plus d’information, le site internet Global Footprint Network, vous permettrez de comparer les informations entre les pays et même le nombre de planètes qu’il faudrait si toutes les personnes de la planète avaient les mêmes habitudes de vie que vous.
À la lumière de ces informations, nous pouvons conclure qu’il n’est pas trop tard pour assurer la survie de notre planète tel que nous la connaissons actuellement et c’est une bonne nouvelle. Les quatre piliers du développement durable répondent entièrement à un plan global de sauvetage. En effet, il s’intégrer au coeur des stratégies locales, nationales et mondiales de croissance, développement et de durabilité, mais encore faut-il les mettre en application. Plus personnellement, je fais partie des jeunes qui ont l’avenir de notre planète à coeur et je pense que même si le gouvernement commence à introduire des programmes sur ce genre de sujet, il faut continuer à lutter avec des petites actions à
notre portée pour avoir un monde équilibré et en santé maintenant et pour les générations futures.

Par Mélizandre Bouchard-Dallaire
Étudiante PEI Camille-Lavoie sec. 5